Qu’ils soient blogueurs ou référenceurs, les Nordistes passionnés d’Internet communiquent de façon virtuelle entre eux. Mais ils ont aussi besoin de se rencontrer « en vrai ». Les Apéros Référencement et Blog en Nord leur permettent de se retrouver autour d’un verre.
A l’étage d’un café-brasserie sur la place de l’Opéra à Lille, une vingtaine de personnes est accoudée à une table en bois. Dans une ambiance conviviale, des blogueurs, des professionnels du référencement de sites web, des étudiants et des ingénieurs en informatique discutent avec vivacité, une bière à la main. Ils se réunissent trois à quatre fois par an pour un Apéro Référencement & Blog en Nord.
Ce jeudi 4 février, une soixantaine de personnes est attendue. Il est 19h, elles arrivent peu à peu. Ce sont des passionnés d’Internet et de l’informatique, très attachés au Nord. Une scène du film Bienvenue chez les ch’tis a été tournée dans ce café : Chez Morel & fils est un lieu symbolique.
A l’origine : l’animateur de Blog en Nord, réseau de blogueurs du Nord-Pas de Calais ; puis les créateurs de Bistoule.net, site sur l’actualité web de la région. Auxquels s’ajoute pour la deuxième fois consécutive SEO Camp, une association spécialisée dans le référencement.
Jusqu’ici, ils évoluaient tous les trois de manière indépendante. Les rencontres organisées par Blog en Nord ont commencé en 2005. « Il n’y avait pas assez de place dans le café où on avait organisé le premier Apéro. Par chance, le patron du restaurant d’en face était là. Il a ouvert son établissement spécialement pour nous », raconte Eric Delcroix, l’animateur de ce réseau de blogueurs.
Le tout premier Apéro Référencement a eu lieu en 1997. « On était quatre au début », raconte Damien Selosse, un des deux créateurs de Bistoule.net. Puis le projet disparaît pendant quelques années. En 2004, quand le second créateur de Bistoule.net, Renaud Joly, rejoint les Apéros Référencement, l’événement prend « une autre ampleur ». Il tient à personnaliser le concept. Pas évident pour Blog en Nord, qui se targue d’organiser des rencontres où il n’y a « pas de chef, pas de leaders, pas de piédestal. »
Le besoin de se voir « physiquement »
Chaque Apéro grandit de son côté. Les réseaux s’élargissent. Des blogueurs du Nord font connaissance avec des référenceurs. Finalement, c’est le besoin de se voir « physiquement » qui motive la réunion des deux rendez-vous en un seul.
« L’aspect communautaire existe déjà sur le web : la plupart du temps on est en contact les uns avec les autres sur Internet, par les blogs, Facebook ou Twitter. Forcément, ça donne envie de se rencontrer, de rigoler un peu, de partager des expériences », estime Renaud Joly. « Avec les réseaux sociaux, on a le virtuel d’un côté mais on a besoin de “real life” de l’autre », renchérit Eric Delcroix en lissant sa barbe grise et blanche.
« Les échanges par écrit sur Internet sont limités, donc c’est bien de se voir et de pouvoir échanger plus de choses, de communiquer », poursuit Renaud Joly. A l’origine, ces rendez-vous ont donc été créés pour mettre un visage… sur un écran.
A 20h, la soirée bat son plein. Des bribes de phrases s’échappent du brouhaha général : « Ma chef de projet me dit… », « Et en événementiel, vous faites quoi ? ». Assis autour d’une petite table, un jeune homme, le visage rond, des lunettes avec une monture noire, discute avec deux femmes. Ils viennent de se rencontrer, et s’échangent des conseils sur leur travail.
« Je suis manager pour une petite entreprise de jeux vidéos. On vient de sortir un nouveau jeu, mais on n’a pas de budget pour la communication, c’est pourquoi mon patron m’a dit de venir ici ce soir », commente Kanjy, 25 ans, qui participe à l’Apéro pour la première fois. Accompagné de Maxime, le chargé de communication de l’entreprise, il fait le tour des tables pour parler de son projet.
Déception
Ils ne sont pas les seuls à venir pour la première fois. Informé de l’événement par la newsletter d’une plateforme de veille régionale, Benoît, ingénieur de développement informatique, vient pour « actualiser ses connaissances partielles sur le référencement ». Mais il est déçu et part au bout d’une heure. « Je m’attendais à l’intervention de spécialistes sous forme de questions/réponses avec les invités. Je trouve qu’il y a un défaut de communication et d’information à propos du contenu de la soirée », explique-t-il.
C’est aussi l’avis d’Alban, 32 ans, webmaster, et de Frédéric, 38 ans, chef d’entreprise de référencement. « Je pensais que chaque participant aurait un badge indiquant qui il est et ce qu’il fait, détaille ce dernier. Voire, pourquoi pas, qu’un fascicule sur la soirée soit distribué », poursuit-il. Il ne sait pas encore s’il reviendra, mais il n’a pas atteint le but escompté. « Je n’ai pas fait de nouvelles connaissances. Au bout du compte, j’ai plus divulgué des secrets que récolté des astuces dans mon domaine professionnel », résume-t-il avec regret.
21h. La salle commence à désemplir. Les verres vides s’amoncellent sur les tables. Dehors, quelques fumeurs se concertent. Certains s’apprêtent à poursuivre la soirée en mangeant ensemble. D’autres à rentrer chez eux, avec la promesse de se retrouver au même endroit, dans trois mois, ou dès le lendemain sur Facebook ou Twitter.
V.J.