PORTRAIT – Clivia Nobili. Une Maison de mode, de fil en aiguille

En septembre dernier, la styliste a investi une Maison de mode, ces petites boutiques-ateliers installées dans le Faubourg des Postes à Lille-Sud. Un aboutissement pour cette créatrice de 36 ans qui conçoit ses collections à partir du vêtement de travail.


« Ni Dieu ni mètre. Ne plus jamais travailler ». Les mots, directs, accrochent le regard. « Cette affiche a dormi pendant trois ans dans mon placard », explique Clivia Nobili, créatrice de mode originaire du Sud-Est et installée depuis deux mois à Lille-Sud. « Je l’ai ressortie lorsqu’il a fallu décorer la boutique ». Un message fort, qui s’impose comme le fil conducteur de sa personnalité.

Petite, des yeux couleur vert d’eau pas maquillés, les cheveux courts en bataille, Clivia Nobili sort des sentiers battus. « Le côté fashion de la mode ne m’intéresse pas », assène-t-elle. Cette détermination l’a poussée à chercher un univers bien à elle. Le déclic pour le vêtement de travail s’est produit en lisant Le peuple d’en bas de Jack London. La littérature est source d’inspiration pour la créatrice. Actuellement, elle lit une histoire dans les champs de coton, au milieu des esclaves. « De fait, la collection automne hiver 2010 aura un côté blues », annonce-t-elle. L’influence de ses lectures se confirme par la présence de branches de coton, disposées dans un vase sur la caisse.

En créant à partir du vêtement de travail, la styliste reste fidèle à ses convictions. « Je fais passer ma révolte de manière plus détournée à travers les habits ». La conception et la fabrication de ses collections sont 100% françaises. « Je n’ai pas envie de le crier sur tous les toits. Je le fais parce que j’aime avoir un échange humain avec les gens qui travaillent avec moi ».

Pour éviter de semer ses idées, elle note tout dans des cahiers. « J’ai peur de perdre le fil de ce que je fais », confie-t-elle. Classés et empilés, ils trônent un peu partout dans son atelier, au milieu des bobines de fils, des machines à coudre et d’une quantité de tissus rangés sur des étagères en bois brut.

« Une petite boule d’énergie »

« Son histoire est atypique, c’est une petite boule d’énergie très exigeante avec elle-même », juge Lucy Wattel, responsable communication du projet Maisons de mode. Elle a sélectionné le dossier de la styliste après avoir remarqué son travail sur des salons.

Quand Clivia Nobili a appris que sa candidature était retenue, les images ont défilé dans son esprit. « Mon compagnon et moi avions envie depuis longtemps de nous installer dans le Nord ». Après deux mois à Lille, elle est séduite. « Ici, les gens comprennent mieux mon travail. Il y a une culture autour du textile qui n’existe pas dans le Sud ».

Fille unique d’un animateur radio et d’une couturière dans la décoration d’intérieur, elle est née à Paris. Mais elle a grandi à Bonnieux, dans le Luberon. Après une scolarité interrompue, cette autodidacte part à l’assaut du milieu de la mode. À Paris, puis à New York. De retour en France, elle obtient un BEP Coupe et couture. Et dix ans plus tard – fin 2007 – elle lance sa marque. « Je ne m’estimais pas assez mature pour le faire avant. À 25 ans, je n’étais pas finie ». Et aujourd’hui ? « Je suis encore en transition », confie-t-elle.

« Sans dieu ni mètre », Clivia Nobili se concentre sur le présent. Seule conviction pour l’avenir : continuer à créer autour du vêtement de travail, fil d’Ariane qu’elle a choisi. « Je n’ose pas me projeter. J’ai peur de me filer la poisse ! Je laisse faire les choses, et je verrai ».

Violaine Jaussent

 

Site internet de Clivia Nobili : http://www.clivianobili.com/

3 Commentaires

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3 réponses à “PORTRAIT – Clivia Nobili. Une Maison de mode, de fil en aiguille

  1. Emilie Jardin

    Coucou Vio,

    Je trouve ton portrait très bien écrit, très beau. Les cours de l’ESJ portent déjà leurs fruits ! A moins que ce ne soit le cours de portrait de la fac !

    Continue comme ça !

    Bisous

  2. candice

    il est très bien ton portrait, très agréable à lire et le vocabulaire fonctionne à merveille avec le contexte(je sais que c’est le but mais j’y connais pas grand chose alors voila…) j’ai hâte d’en lire d’autre

    gros bisous

  3. Marine

    depuis le temps…j’aurais du le lire avant… brillant… simple… sobre.
    hate de lire les autres

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